Femmes en prison

La rue est un tribunal improvisé. L’œil accusateur n’en finit pas d’instruire des procès en apparences. Autant de verdicts à l’emporte-pièce qui condamnent l’autre sans le connaître.

Ce réflexe de procureur, j’ai voulu le confronter à des femmes qui, dans leur cellule, attendent justement d’être condamnées par la société. Elles ont commis une faute, transgressé la loi, et ne savent pas encore quel sera le prix de la réparation.

Durant une année, je me suis rendue à plusieurs reprises à la prison de Champ-Dollon, à Genève, pour y rencontrer des prévenues qui sont des femmes à part entière, avant d’être des figures de meurtrière, de prostituée ou de droguée. 

Cette part de féminité, irréductible à l’enfermement comme aux idées reçues, je voulais que mes portraits la raconte, même à demi-mots, même derrière ces mouvements de main masquant pudiquement l’identité.